Bigarade en parfumerie

Le bigaradier et ses sources d’essences précieuses de néroli et de petitgrain

Originaire d’Inde et de Chine, le bigaradier ou oranger sauvage, pousse depuis des siècles comme ses cousins orangers doux ou citronniers sur les douces collines méditerranéennes d’Italie, d’Espagne ou du Maroc. À la belle saison, les branches de cet agrume délicat se couvrent de fleurs très odorantes qui produiront par la suite un petit fruit nommé bigarade, que l’on consommera souvent en marmelade.

Toutefois le parfum enivrant et délicat de cet oranger sauvage, a bien évidemment poussé la curiosité et la créativité des parfumeurs. Ainsi les fleurs du bigaradier pourront produire de l’essence de néroli ou de l’absolu de fleur d’oranger. Quant aux feuilles et aux branches elles produisent, après distillation à la vapeur, de l’essence de petitgrain et de l’eau de Brouts ou bien encore de l’essence de feuilles d’oranger. Toutes ces matières premières sont très utilisées en parfumerie pour leurs qualités respectives.

La bigarade, le néroli et le petitgrain dans les parfums

Le zeste de bigarade comme l’huile essentielle de petitgrain offrent des parfums à la fois boisés et hespéridés tout en faisant transparaître avec délicatesse la note fleurie de néroli. Assez naturellement donc, la bigarade ainsi que les huiles et essences obtenues à partir de ses feuilles et de ses rameaux, composera avec délice des parfums hespéridés masculins comme féminins.

Bien évidemment, les hespéridés demeurent toujours associés à l’Eau de Cologne, le plus vieux et grand dignitaire de cette famille olfactive. Cependant les nez n’ont eu de cesse de chercher à renouveler le genre en proposant des fragrances inédites grâce à des agrumes plus originaux, de nouvelles herbes aromatiques ou des matières premières boisées encore méconnues. La bigarade permet ainsi de renouveler le genre hespéridé grâce à ses fragrances acidulées si particulières et délicatement fleuries tout en restant amères et puissantes.

Le créateur Jean-Claude Ellena et son parfum « Cologne Bigarade », voulut réinterpréter la fameuse Eau de Cologne sous les accents du nouveau millénaire en y ajoutant la bigarade pour apporter une pointe d’amertume à un jus mixte qui ne demandait qu’à se renouveler. D’autres grands noms poursuivirent ce mouvement de renouveau avec la bigarade en proposant des hespéridés musqués tels « Flower by Kenzo La Cologne » ou bien encore des hespéridés boisés-épicés tels « L’eau des Merveilles » d’Hermès.

Quant aux parfums masculins à base de notes de tête de bigarade, ils se distinguent tout particulièrement par leurs facettes boisées à la manière « D’Arsène Lupin Dandy » de Guerlain ou bien de l’étonnant « Eau d’Icare » de Sisley.

La bigarade a donc de multiples avantages : agrume elle propose des notes hespéridées fraiches et puissantes, fleurs elle créé la magnifique essence de néroli, boisée elle crée l’huile essentielle de petit grain. De plus, chacune de ces fragrances peut se métamorphoser à loisir selon les accords que l’on veut créer. Le joli oriental fruité et gourmand « L » de Lolita Lempicka ou le cuir hespéridé « Je suis un Homme » sont les exemples même des multiples déclinaisons possibles proposées grâce à la jolie bigarade.