Fille en Aiguilles : La fée des pinèdes de Lutens
En 2009 Lutens nous propose avec Fille en Aiguilles une magnifique promenade boisée à travers sa mémoire et ses pinèdes dorées.
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Bien sûr cette promenade forestière saura s’agrémenter de quelques chaleurs orientales mais aussi de quelques froideurs enfumées d’encens comme le maître a su déjà si bien les faire auparavant. Alors qui est donc cette Fille en Aiguilles ? Un parfum féminin, masculin, mixte ? Le mystère flotte à travers les pins...
Fille en Aiguilles nous propose-t-il une promenade à travers les pins ou à travers la mode ?
Comme à son habitude, Lutens étonne par un nom de baptême énigmatique et tendrement sibyllin. Qui est cette Fille en Aiguilles ? Une femme haut perchée tout droit sortie des salons Dior de l’époque où Lutens y a travaillé ? Le parfum serait alors un recueil de souvenirs et d’émotions du fil et de l’aiguille de cette époque dorée où la haute couture parisienne s’élevait au summum de l’élégance. Non pas cette fois, Serge Noire l’avait déjà fait.
Alors en se concentrant sur les mots qui accompagnent le nouveau parfum, une nouvelle idée s’impose. « De la résine, du soleil, des cigales et de l’ombre sous les grands pins. ». La Fille en Aiguilles serait donc un précieux pin méditerranéen qui enfin aurait trouvé grâce aux yeux d’un parfumeur. Il était temps car ,à force de sentir le pin des Landes dans des produits ménagers, on en oublierait qu’il est l’hôte parfumé délicat de bon nombre de senteurs bien plus précieuses qu’un produit vaisselle !
Avec Lutens donc le pin est anobli après des années d’oubli et d’incompréhension. Chaque arbre aurait ainsi son parfum ? Chêne, Cèdre, et maintenant Fille en Aiguilles. L’ode au pin est précieuse et chaleureuse mais aussi un peu camphrée et piquante, pour ne pas oublier ses aiguilles bien sûr !
De la chaleur boisée et de l’encens froid pour une Fille en Aiguilles pas comme les autres !
On aurait pu s’attendre à ce que la couleur du jus de la jolie femme des bois de Lutens soit verte et éclatante. Non trop commun, trop vu, trop vendu. Alors le précieux flacon Lutens de Fille en Aiguilles s’habillera de précieuses tonalités marron foncé tel un vêtement haute couture taillé à même la forêt !
Dès les notes de tête nous voilà plongés dans une note d’oliban épicée nous emportant dans un brouillard gris et enfumé froid et vif. Puis le fir balsam, les aiguilles de pin, fait son apparition remarquée au cœur de cette fumée grise se vivifiant sous sa senteur fusante pour créer une résine dense et profonde.
En se promenant à l’abri de Fille en Aiguilles, nous trouvons aussi quelques notes fruitées de prune balayées par un vent sec de poivre. Enrobés de cannelle, de clous de girofle et de noix de muscade les fruits deviennent confits. Enfin les hôtes majestueux de cette pinède fantastique apparaissent sous forme de notes de cèdre, de vétiver et de pin pour s’embaumer et s’orientaliser de benjoin, d’ambre et de patchouli, si chers à Lutens. Quant à l’encens il trouve sa destination en un sillage de myrrhe « purifiant » de quelques senteurs sacralisées cette ode à la forêt.
Fille en Aiguilles semblerait au premier abord se proposer uniquement à un public féminin. Son nom induit en erreur et fait oublier que Lutens compose de façon égale pour les hommes comme pour les femmes. La promenade de cette pinède enchantée saura donc se répandre avec volupté de ses charmes orientaux à qui veut bien se laisser emporter !